Tony Garnier est un peu à Lyon ce que Gaudi est à Barcelone. Pas au niveau du style, mais au niveau de l’importance de son influence sur une seule et même ville. En effet, la capitale des Gaules ne lui doit pas que la halle éponyme ! Outre, donc, la halle Tony-Garnier, cet architecte lyonnais du début du XXe siècle a conçu le stade de Gerland, l’hôpital Grange-Blanche (ancien nom de l’hôpital Edouard-Herriot) et tout un ensemble de logements du quartier des Etats-Unis, dans le 8e arrondissement de Lyon.

1500 logements ouvriers dans le quartier des Etats-Unis

Ces derniers constituent, aujourd’hui, le « musée urbain Tony-Garnier« . Il s’agit de 1500 logements sociaux (des HBM – habitations bon marché, ancêtres de nos HLM, habitation à loyer modéré), construits entre 1920 et 1933, qui se voulait être un vrai lieu de vie pour les ouvriers – Tony Garnier étant lui-même fils de canuts. Au départ, Tony Garnier voulait construire des petits immeubles, de deux étages maximum. Le maire d’alors, Edouard Herriot, s’y opposa : voilà pourquoi les immeubles d’aujourd’hui comportent cinq étages. Au sein de ces immeubles, deux appartements par étage de trois pièces qui, selon Tony Garnier, étaient conçus pour accueillir une famille de quatre personnes – mais souvent beaucoup plus dans la réalité, puisqu’il n’était pas rare, à cette époque, que trois générations vivent sous le même toit.

Un appartement-témoin avant-gardiste des années 30

Aujourd’hui, vous pouvez visiter un appartement témoin (il est interdit, par contre, de photographier l’intérieur), qui donne un bon aperçu des idées pratiques et hygiénistes mises en pratique par Tony Garnier. L’appartement offre, aujourd’hui encore, une étonnante modernité dans sa conception : les pièces sont distribuées en étoile autour de ce que l’on pourrait qualifier, aujourd’hui, de « pièce à vivre », qui, elle-même, est dotée d’un grand balcon. Une cuisine ouverte, deux chambres, et une salle d’eau avec toilettes, dans laquelle Tony Garnier avait prévu d’installer une douche. Si cet équipement n’a pas été intégré à l’époque, les locataires d’aujourd’hui, bien sûr, bénéficient d’une salle de bain tout équipée à l’emplacement prévu initialement.

La « cité industrielle » de Tony Garnier, un projet utopiste

Meublé avec du mobilier d’époque, l’appartement témoin vous replonge instantanément dans la période des années 20 et 30, où l’on croyait au progrès, aux doctrines hygiénistes et où l’on essayait d’appliquer certaines utopies. En effet, les logements conçus par Tony Garnier de part et d’autre du boulevard des Etats-Unis résultent d’une utopie pensée en 1917 par l’architecte, la « cité industrielle ». Cette ville imaginaire était composée d’usines, de lieux collectifs (hôpitaux pour se faire signer, gymnases pour pratiquer le sport, lieux de culture etc.) et de logements. Seule cette dernière partie est restée dans ce projet urbanistique. Et encore, celui-ci devait être, au départ, trois fois plus étendu !

25 fresques à découvrir dans le musée urbain Tony Garnier

Cependant, cette cité industrielle n’est pas totalement tombée dans l’oubli. En plus d’avoir eu une influence retentissante dans le monde de l’architecture, ce projet utopiste est à découvrir sur plusieurs des des 25 fresques peintes sur les murs du musée urbain Tony Garnier.

On trouve, aujourd’hui, deux types de fresques : ceux des artistes de la Cité de la Création, spécialistes du street art, qui on fait revivre le travail de Tony Garnier, de sa cité idéale, donc, à la halle Tony Garnier (au départ conçue pour accueillir des foires), en passant par les plans d’une maison inspirée de l’Antiquité, et ceux d’artistes du monde entier (Indiens, Mexicains, Russes, etc.) invités, dans les années 80, à imaginer leur cité idéale.

Voilà donc pourquoi le musée urbain Tony Garnier est qualifié de « musée à ciel ouvert ». Peu connu des Lyonnais eux-mêmes, il apprend pourtant de façon passionnante une partie de l’histoire de leur ville. N’hésitez pas à parcourir de long en large le quartier des Etats-Unis

 

Informations pratiques sur le musée urbain Tony-Garnier

Musée urbain Tony-Garnier
4, rue des Serpollières
69008 LYON
Tel. : 04 78 75 16 75.

Ouvert du mardi au samedi, de 14 à 18 heures.
Parcours découverte (murs peints et appartement musée) le samedi à 14h30. 8 euros. Tarif réduit : 6 euros.
Visite de l’appartement témoin : 3 euros. Gratuit pour les moins de 12 ans.
Visite audio-guidée : 5 euros. Tarif réduit : 4 euros. Moins de 26 ans : 3 euros.

Written by Audrey

Wohdrey, fondatrice du blog De Lyon en Large, pour prendre le large à Lyon... et ailleurs !

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